C’est avec une profonde tristesse et une forte émotion que le Centre de la mémoire d’Oradour a appris le décès de Camille Senon.
A tout juste 19 ans, le 10 juin 1944, elle avait échappé de peu au massacre perpétré par la division SS Das Reich, qui fit 643 victimes, dont de nombreux membres de sa famille. Dernière adulte témoin du massacre, c’est une voix essentielle de la mémoire d’Oradour qui s’est éteinte hier.
Tout au long de sa vie, Camille Senon a transmis son douloureux récit du massacre et lutté contre l’oubli. Elle témoigne au procès de Bordeaux en 1953, fait de son engagement militant et politique une thérapie. Elle forge son engagement auprès de son père, militant socialiste, milite au PCF, assume des responsabilités à la CGT, fait entendre sa voix, notamment pour les femmes.
Femme profondément engagée, elle resta longtemps présente dans les manifestations, regardant les militants passer depuis son fauteuil roulant quand ses jambes ne la portaient plus. Une éternelle indignée, qui avait refusé l’ordre du Mérite en 2016, en pleine mobilisation contre la loi travail, au nom de ses convictions de justice et de solidarité.
Aujourd’hui, c’est une page de notre histoire commune qui se tourne. C’est une grande dame, un grand témoin de l’histoire, une figure du militantisme syndical et féministe, une femme de paix qui est partie.
Le Centre de la mémoire d’Oradour tient à rendre un hommage particulier à Camille Senon, dont le courage et l’engagement resteront exemplaires. Il adresse ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches, ainsi qu’aux membres de l’association nationale des familles des martyrs d’Oradour-sur-Glane.
Continuons à porter la mémoire, et battons-nous, comme Camille, pour plus de justice, de solidarité, de liberté, de fraternité, de paix.
